top of page

Croix de Rogations

GRAVURE rogations.jpg
PROCESSION ROGATIONS (Allemagne).jpg

Placées à proximité des villages, certaines croix servaient aux Rogations*, fête aujourd’hui oubliée mais alors essentielle en milieu rural. Les Rogations, initiative en 474 de Saint-Mamert, évèque de Vienne, constituaient une fête liturgique s’échelonnant sur trois jours, du lundi au mercredi précédant l’Ascension. Les rogations ont pris la place, dans le calendrier, de la fête romaine des robigalia**, célébrations cultuelles pour la protection des céréales contre la rouille qui se déroulaient le sixième jour avant les calendes de mai.

Les Rogations avaient pour but de demander à Dieu la préservation des calamités naturelles. Curé en tête, la procession des paroissiens traversait le territoire communal de part en part, s’arrêtant aux croix pour bénir les prés et les champs et leur attribuer ainsi protection et bénédiction des récoltes. Dans notre pays qui, entre le Xe et le XIIIe siècle se recouvre « d’un blanc manteau d’églises, on promène et parfois on plante partout des croix, au cours de processions et notamment de rogations » (Moine Raoul Glaber). Il est important pour les paysans de disposer ces croix de Rogations aux endroits stratégiques, certes au bord des chemins, mais donnant sur leurs prés et cultures. Généralement, il s’agit de croix modestes que l’on découvre, en pleine nature, le long d’un champ ou à la lisière d’une vigne. À cette occasion, on décorait les croix de couronnes de fleurs voire de fleurs en papier.

Depuis Vatican II, le nouveau Calendarium romanum a maintenu les prières des Rogations, mais en précisant qu'elles pouvaient ne pas être célébrées partout à la même date. Il donnait tâche aux conférences épiscopales pour en fixer « la discipline ». Le cérémonial des évêques de 1984 y fait nettement référence : « Il est bon que, dans chaque diocèse, compte tenu des circonstances et des coutumes locales, l'évêque veille avec soin à ce que l'on trouve un bon moyen d'observer la liturgie des Rogations... ».

​

* Le mot « rogation » vient du latin rogare, qui signifie « demander »

** Fête des Robigalia, le 25 avril, au cours de laquelle on procédait au sacrifice d'un chien (en rapport avec la constellation du Grand Chien) ou d'une bête de couleur fauve pour épargner les champs de blé.

CROIX 2 rogations.jpg
CROIX 3 rogations.jpg

Commune de la Chapelle-Saint-Géraud (19)

Commune de Saint-Bonnet-Elvert (19)

«  Puis le mois de juin venu, les processions des « Rogations » se déroulaient sur trois jours, à travers la ville et la campagne, en suivant le curé Courteix, prêtre de la paroisse. Le premier jour, la procession allait vers le Claux en longeant champs et haies vives, le deuxième jour vers l’Hospital et le troisième jour en ville et sur les quais. Ce dernier jour pour l’accueillir, un reposoir était dressé devant la croix de bois de la maison Dubois, à l’aide de deux tables superposées recouvertes d’un drap blanc, sur lequel étaient posés des vases remplis. Puis, après s’y être recueillie, la procession, remontant par la rue du Port Saulou, se terminait à l’église. Nadalou avec son frère et sa sœur la suivaient avec leur mère, heureux d’y participer. C’était une grande joie pour eux, levés depuis six heures du matin, parcourant la campagne, entre les haies d’aubépine et les champs de bleuets et coquelicots en réhaussaient les couleurs, longeant ainsi des pâturages où des vaches broutaient l’herbe, en levant leur tête au passage de la procession, comme pour la saluer. »

Jean Saintangel

Nadal, l’enfant des quais – Argentat 1920-1940

​

​

Il y avait cependant beaucoup d’autres occasions de fleurir les croix, car les processions étaient nombreuses.

Dans certaines régions, on y déposait des gerbes de blé à l’occasion de l’Assomption (15 août) qui correspond à la fête des moissons.
Chaque année , les
croix de Rameaux étaient un lieu de pèlerinage.Une procession importante se rendait jusqu’à la croix où l’on bénissait le buis. Selon les régions, elles prennent des noms différents : « croix hosannières » où l’on bénissait les rameaux en chantant l’Hosanna, mais aussi « croix buisées » ou « boissières ».

On fête une fois par an le saint patron du village et l’on se rend en procession jusqu’à la croix érigée en son honneur. Il y a donc aussi des croix de procession.

bottom of page